Category Archives: TRAVAIL

Tatoueuse : un métier-passion

Iza, tatoueuse
Je n’oublie pas que je travaille sur le corps de quelqu’un et que ce que je vais y graver ne s’effacera pas ! Si quelque chose ne plaît pas, je peux faire évoluer le projet, mais je veux que ça reste « mon dessin ». Ce à quoi le client est en droit de répondre : « Oui, mais c’est mon tatouage »… Il faut trouver un juste équilibre entre mon style personnel (…) et le désir du client de s’approprier son tatouage comme un élément de sa propre identité…

Parole recueillie et mise en récit dans le cadre du projet
Auteurs associés en Pays de la Loire

Les lumières de la ville sont un service public

Laurent, électromécanicien au service de l’éclairage public et syndicaliste
« C’est comme ça que je conçois le service public. Et que je le défends. Mais je dois dire que les usagers ne sont pas faciles avec nous. Quand l’éclairage de la rue est en panne pendant deux ou trois jours, ça gueule. Les gens ne se rendent pas compte que nous n’y sommes pour rien si le chef nous a envoyés ailleurs, ni que nous ne sommes plus que trois équipes, une par camion. Les gens se plaignent. »

Parole recueillie et mise en récit dans le cadre du projet
Auteurs associés en Pays de la Loire

Manœuvrer une masse de plusieurs tonnes réclame beaucoup d’énergie et de concentration

Kévin, opérateur chez un sous-traitant dans l’industrie du bassin nazairien
« La journée de travail commence quand le team leader me donne une opération à faire en binôme. On ouvre alors la tablette qui contient des directives écrites et des dessins techniques qu’on doit respecter de manière précise, étape par étape. J’ai donc devant moi une grosse pièce à laquelle je vais assembler d’autres pièces en effectuant des serrages plus ou moins forts sur les vis et les boulons. […] Comme il y a des normes industrielles, ce travail réclame un petit peu de connaissances de la part de l’opérateur. Mais, grosso modo, il s’agit de dérouler un programme un peu comme on suivrait un mode d’emploi ou une notice de montage. »

Parole recueillie et mise en récit dans le cadre du projet
Auteurs associés en Pays de la Loire

Prendre du plaisir dans son métier, c’est le plus important

Nicolas, horloger
« Dans mon métier, il n’y a pas de place pour la médiocrité. Les pendules anciennes, les réveils, les montres sont des objets précieux, parfois très chers. […] Je m’occupe de les réparer, de leur rendre leur lustre ancien en repolissant un verre, en remettant complètement en état un mécanisme ou simplement en changeant un joint. Ce sont des tâches qui se répètent de semaine en semaine mais dont la variété, tout au long de la journée, rendent le travail captivant. »

Parole recueillie et mise en récit dans le cadre du projet
Auteurs associés en Pays de la Loire

« Ce que nous voyons, c’est qu’ils sont toujours présents avec leur bonne humeur »

Dominique, bénévole à la maison de quartier La Chesnaie-Trébale pour les cours d’alphabétisation
« Les migrants dont nous nous occupons n’ont jamais été scolarisés dans leur pays. Ceux qui possèdent malgré tout quelques rudiments en matière de lecture et d’écriture découvrent un nouvel alphabet et une écriture de gauche à droite. Quelques-uns n’ont aucune notion. Nous formons donc des petits groupes de quatre ou cinq personnes de niveau équivalent qui se répartissent dans cette grande salle. Surtout pas de cours magistral ! »

Parole recueillie et mise en récit dans le cadre du projet
Auteurs associés en Pays de la Loire

Les gâteaux de Denis

Denis, pâtissier
« Je voulais vivre du produit de mon travail, être maître de ma production et la vendre. Ne pas avoir à employer de personnel, d’être obligé d’investir sans cesse dans l’acquisition de nouveau outils. Au contraire, je voulais réduire au maximum le travail administratif ; adapter ma production pour en vivre correctement et non l’inverse. Avoir le plaisir de produire de mes mains, être en relation avec la clientèle. »

Parole recueillie et mise en récit dans le cadre du projet
Auteurs associés en Pays de la Loire

Poursuite de l’activité « Récits de travail dans la région nazairienne »

En 2025 / 2026, le CCP vous propose de déployer ensemble projet « Travail et territoire dans la région nazairienne » qui s’est déroulé l’an passé.
Nous vous invitons à participer à l’une, à plusieurs ou à la totalité des différentes étapes de la production et de la diffusion de récits de travail.
Nous avons envie de prolonger la démarche en direction des scolaires, en particulier des élèves du lycée professionnel ou des classes post-bac, confronté·es à l’entrée prochaine dans le monde du travail. N’hésitez pas à nous solliciter !
Vous souhaitez participer au collectage de récits de travail et/ou aux lectures publiques ? de façon régulière ou occasionnelle ?
Le groupe de travail se réunira dans le local du CCP le deuxième jeudi de chaque mois de 18 h à 20h : (Les premières réunions sont prévues les 9 octobre, 13 novembre et 11 décembre).

« Pour une fois, tous les ouvriers des Chantiers avaient été conviés à la cérémonie du lancement du Queen Mary 2 »

Laurence, décoratrice aux Chantiers de l’Atlantique
« La période où j’arrive sur les bateaux est celle de la finition, après que les métallos ont assemblé les blocs de tôles dans les hangars et les ont amenés avec les portiques géants pour les souder les uns aux autres comme un jeu de construction colossal. J’interviens pendant le dernier quart de la construction. […] Pendant plusieurs mois, j’assiste ainsi à sa lente transformation, jusqu’au moment où survient une dernière accélération où tout se met en place. Et ce qui était un pur assemblage de tôles brutes devient un lieu de vie confortable, séduisant, parfois somptueux.  »

Lectures publiques des récits de travail du projet « Travail et territoire »

Dans le cadre du projet Récits de travail : « Travail et territoire mené avec la Compagnie Pourquoi se lever le matin ! le CCP poursuit le temps de restitution de la parole récoltée des travailleur·euses de la région de St-Nazaire.

Nous vous invitons à une nouvelle lecture publique :

  • DIMANCHE 18 MAI au Jardin public de St-Molf

Une lutte de tous les instants pour maintenir le meilleur service

Sébastien, agent de circulation à la SNCF
« En plus de gérer la circulation des trains sur les voies, je suis amené à vendre des billets, accueillir les usagers et même faire l’entretien des bâtiments […]. À force de rogner sur les effectifs, on n’arrive plus à entretenir correctement les voies, les incidents se multiplient, les retards s’accumulent, on ne peut plus renseigner ni vendre correctement si l’usager n’a pas internet. Qui est gagnant ? »

Trouver un terrain d’entente

Émilien, entrepreneur en rénovation immobilière
« Un matin, un sous-traitant me fait savoir qu’il veut arrêter son activité, alors qu’on a plusieurs chantiers en cours. C’est un couvreur, une spécialité très difficile à trouver. Comment faire ? Il ressort des discussions que nous avons avec lui, qu’il veut changer, partir dans un autre secteur d’activité : « J’en ai marre d’être dans le froid je n’en peux plus. J’ai 47 ans, je veux faire autre chose. »

Un médecin entre La Baule et St-Nazaire : « Je ne suis pas là pour juger »

Gwénaelle, médecin urgentiste, SOS médecins
« En général, les ouvriers de Saint-Nazaire sont assez fiers de travailler dans des entreprises qui construisent des paquebots et des avions connus dans le monde entier. […] Ayant conscience de leur « savoir faire », ils se sentent légitimes dans leur domaine. Du coup, ils reconnaissent aussi ma légitimité et on entre dans un dialogue d’égal à égal en termes de compétences dans les domaines qui sont les nôtres. »

« Mon café-théâtre, c’est ma scène »

Véronique, gérante de « La P’tite scène des Halles »
« Beaucoup de troupes déjà programmées reviennent lorsqu’elles ont monté de nouveaux spectacles. Elles aiment la proximité avec le public, la convivialité. Chaque fois, c’est ce qui ressort. Et puis, on a instauré une belle écoute. On ne sert pas pendant les spectacles de théâtre. Pour les spectacles musicaux, c’est différent… Quand on fait le bal Forro, on enlève toutes les tables. Du coup, c’est autre chose, tout le monde peut venir. Les gens dansent, c’est une bonne ambiance. »

Parole recueillie et mise en récit dans le cadre du projet
Auteurs associés en Pays de la Loire

J’étais la seule personne que ce petit monsieur reconnaissait

Fabienne, aide-ménagère
« Je dois porter beaucoup. Je suis fatiguée. Mais ce qu’on ne voit pas et qui demande une autre forme d’investissement, c’est l’écoute des gens. Je m’efforce d’être très attentive, de savoir repérer les petits signes que, peut-être, la famille ne voit pas toujours. Il m’arrive souvent de mal dormir parce que j’emmène le boulot à la maison dans ma tête. Mon métier est d’être en relation avec des humains, donc ce n’est pas facile de lâcher. »

Parole recueillie et mise en récit dans le cadre du projet
Auteurs associés en Pays de la Loire

Le travail raconté par ceux qui le font

Depuis la mi-janvier, des lectrices et lecteurs du CCP font entendre des extraits de récits de travail collectés dans le cadre du projet Travail et territoire.
Nous vous invitons à venir entendre le travail raconté par ceux qui le font lors de nos prochains rendez-vous de lectures publiques.

🔗 Retrouver les récits de travail lus au cours des soirées

Hébergement solidaire : un bénévolat à plein temps

Enoch, militant associatif
« “ Tel ou tel gamin était un petit gentil. On lui avait dit de ne pas faire de conneries ”. Mais ils y vont quand même, ils tombent dans les addictions, dans des petits trafics, dans les vols minables. Et au bout d’un moment, ils entrent dans des schémas de violence. L’exclusion est un facteur aggravant. C’est le début d’une terrible spirale négative. C’est pour cette raison que l’hébergement et l’accompagnement sont si importants et qu’être inscrit dans un réseau associatif est primordial. »

Ce travail réclame des qualités humaines d’écoute

Marie-Jo, aide-ménagère
« Je suis à St-Marc, dans le grand jardin de ce vieux Monsieur qui construit une superbe terrasse, et moi, je sers de conseillère pour l’architecte et les menuisiers. Je leur indique aussi que le monte-charge de cette construction ne pourra pas fonctionner. Ils doivent reprendre leurs plans. Qui suis-je pour conseiller, pour donner mon avis sur tel ou tel travail ? Je m’appelle Marie-Jo et voilà 29 ans que je travaille comme employée familiale. »

Parole recueillie et mise en récit dans le cadre du projet
Auteurs associés en Pays de la Loire

Quand on est entendu, on peut accepter qu’une réponse soit différée

Virginie, agent d’accueil à la CPAM de Loire-Atlantique
« J’ai été surprise, en arrivant dans ce travail, que les gens se livrent beaucoup à nous sur leur maladie. Ils sortent de chez le médecin, avec un protocole de soins concernant ce que nous appelons une ALD, affection de longue durée. Ils viennent de se prendre leur diagnostic en pleine figure et ils arrivent chez nous pour leur prise en charge à 100%. Je n’ai pas connaissance de la raison pour laquelle ils ont déclaré une ALD, c’est un secret médical. Mais les gens me le disent : “ Je viens d’apprendre aujourd’hui que j’ai un cancer. ”. Nous sommes souvent les premières personnes à le savoir.»

Rechercher un emploi : une contrainte douloureuse et blessante

Pierre, chômeur et militant
« Ils cherchent la faille. Comme si leur seul but était de me déstabiliser. Vers la fin de l’entretien, sentant que tout cela ne débouchera sur rien, je pose la question de la rémunération. Tout juste le SMIC. Tout ça pour ça… Quand je suis entré chez moi j’en ai chialé tellement c’était dur. Je n’ai pas été retenu. Pourtant je voulais travailler, je trouvais que ça avait du sens de faire des choses pour l’endroit où je vivais, de peser sur mon environnement, de travailler chez moi. »

Le maître-mot est bien « solidarité »

Marie, travailleuse sociale dans une communauté Emmaüs
« Au moment où ils entrent, Ils sont découragés, ils se sont heurtés à des refus ou à des incompréhensions. Notre priorité est alors qu’ils prennent soin d’eux. C’est quelque chose dont ils n’ont plus l’habitude. Mon rôle, c’est d’en amener certains à se dire : “ Là, maintenant, ça y est, j’ai le temps, je vais pouvoir me laver régulièrement, laver mes affaires ”. Et je leur pose la question : “ Tu as pris une douche, hier ? ” »

L’urgence, c’est de vivre

Pierre, accompagnant de son épouse malade du cancer
« C’est là que, dans une tache de lumière, nous attend la secrétaire, à l’issue de la consultation d’annonce. Nous nous installons sur nos chaises. Elle a tout préparé et nous accueille avec un vrai sourire sous ses cheveux bouclés. Nous nous rapprochons. On oublie les gens qui passent, l’environnement. Elle reprend tout méthodiquement, sans se presser, et on se laisse porter par son intonation rassurante, déjà presque familière. »

« Je revendique le fait d’avoir eu un cancer »

Christine, patiente ressource
« Bonjour, je m’appelle Christine. Je suis patiente-ressource, c’est-à-dire que j’ai eu un cancer et que j’ai accepté de partager mon expérience. Mais vous pouvez me mettre à la porte…
– Vous avez eu un cancer et vous êtes vivante ?
– Eh bien oui, je suis vivante ! Il faut croire les médecins quand ils vous disent que vous irez mieux dans six mois. Il faut leur faire confiance parce que ça donne de la force. »

Gens simples, patients actifs

Jean-Michel, dermatologue
« Ce que j’apprécie ici, c’est que j’ai affaire à des ouvriers qui ont un métier dont ils sont fiers, à des techniciens conscients de leur savoir-faire. Ce sont des gens très pragmatiques qui ne se comportent pas comme de simples exécutants ; et des patients qui ont un rapport direct avec les choses de la vie. Comme me l’a dit mon prédécesseur : “ Ce sont des gens qui sont francs du collier… ” »

« À vos soins »

Anne-Laurence, médecin anesthésiste et bénévole dans l’association A vos soins
« J’ai le souvenir de cette dame qui, arrivée en urgence, n’avait pas pu me rencontrer en consultation de pré-anesthésie, je l’ai donc vue dans sa chambre de la maternité. Elle était originaire d’Azerbaïdjan, son compagnon, sans papiers, se trouvait elle ne savait où. Ils étaient partis ensemble, mais ils avaient été séparés. Qu’avait-elle vécu ? Ce n’était pas le moment de questionner, d’ajouter des récits de souffrance à une situation douloureuse. »

Parole recueillie et mise en récit dans le cadre du projet
Auteurs associés en Pays de la Loire

« Je cherche à ce que la fascination que j’éprouve pour ce territoire industrialo-portuaire embarque les visiteurs »

Aurélie, guide à « Saint-Nazaire Renversante »
« Ici, tout est gigantesque. Et, directement immergés dans cet espace hors de proportion, les visiteurs peuvent éprouver concrètement ce rapport entre leur propre taille et l’immense masse qui se dresse devant eux et s’impose soudain à leur regard. Je vois les doigts qui se tendent, les gens qui se parlent, les expressions totalement subjuguées par le navire dont l’assemblage est le plus avancé. Alors, je prends le temps de donner tranquillement toutes les explications. »

Libraire engagée dans la ville

Agathe, libraire indépendante en SCOP

« Je vais donc tous les ans, en mars, présenter trois ou quatre livres par tranche d’âge devant les salariés de la commission famille du CE. Je peux ainsi infuser des choses à ma manière. Par exemple, dans la sélection que je leur présente cette année, j’ai un livre d’une toute petite maison nantaise (« Six citrons acides »). S’ils en achètent vingt ou vingt-cinq pour les enfants des salariés, je trouve que je suis dans mon rôle de passeuse au sein de la ville. »

« Faire ensemble » autre chose que le travail tout en gardant la solidarité qu’on trouve dans le travail

Antoine, régisseur général à la mairie de Saint-Nazaire
« Ce qui compte, à mes yeux, c’est moins le prestige de l’événement, ou sa taille en termes de budget et de fréquentation, que la qualité des gens qui l’organisent. Ils n’ont parfois aucune idée de la technicité de ce qu’ils demandent, de l’ampleur des moyens qu’il faudra mobiliser. Mais ils ont la passion. Ils ont des rêves, des idées. Et j’aime les aider à s’approcher au plus près de l’idée qu’ils s’en faisaient au départ. »

À Saint-Nazaire, un lycée qui ne ressemble pas à un lycée

Mickael, membre de l’équipe éducative du Lycée Expérimental
« En cas de difficulté d’apprentissage scolaire, la sanction est la confrontation avec ses propres lacunes. Ça peut être très violent. La fuite et le déni sont faciles. La réponse de la communauté éducative est alors l’attention portée à l’autre, le respect des rythmes de chacun. Il est arrivé qu’un élève ne s’occupe que de la cafétéria pendant plusieurs semaines. Mais il a fallu qu’il consente à en parler dans son groupe de suivi. »

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