Libraire engagée dans la ville

Agathe, libraire indépendante en SCOP

« L’Embarcadère : c’est ainsi que nous avons baptisé la librairie, Sarah, moi et l’association “ Des Voix au chapitre ” quand nous l’avons créée il y a huit ans. Notre logo associe un petit bateau en papier et un livre. C’était une manière de nous ancrer dans le territoire en référence à son passé, à la construction des bateaux, au port d’où ils partaient : c’est tout un imaginaire.

Quand nous avons créé la librairie, nous avions envie de permettre aux habitants de fréquenter une librairie indépendante. C’est important pour une ville, surtout quand le livre peine à diffuser dans les écoles, les collèges ou les maisons de quartier, quand les budgets pour le livre sont très serrés. Moi, j’arrivais des Vosges. Heureusement, Sarah était nazairienne. Elle est toujours très investie dans la vie associative. Nous avons travaillé de manière à tisser des partenariats sur le territoire, notamment avec les bibliothèques des grands CE, comme Airbus, les Chantiers Navals ou Man-Diesel. Chez ce dernier, le poste de bibliothécaire a disparu. Heureusement, quelques bénévoles continuent à s’en occuper. Le CE d’Airbus n’a pas de politique propre pour choisir ses livres. C’est nous qui leur faisons des propositions. Ce sont surtout des romans policiers, des livres grand public et des guides de voyage. Il faut dire que le CE d’Airbus propose aussi des voyages à l’étranger. Aux Chantiers navals c’est différent, ce sont eux qui choisissent les livres qu’ils me commandent pour leur bibliothèque. J’ai un lien plus fort avec eux qu’avec les autres CE. Pour le cadeau de Noël aux enfants des salariés, ils ont gardé une option militante : offrir des livres et les commander à une librairie indépendante. Je vais donc tous les ans, en mars, présenter trois ou quatre livres par tranche d’âge devant les salariés de la commission famille du CE. Je peux ainsi infuser des choses à ma manière. Par exemple, dans la sélection que je leur présente cette année, j’ai un livre d’une toute petite maison nantaise (« Six citrons acides »). S’ils en achètent vingt ou vingt-cinq pour les enfants des salariés, je trouve que je suis dans mon rôle de passeuse au sein de la ville. C’est aussi un moyen pour toucher les publics ouvriers qui viennent peu chez nous. Depuis deux ans, le CE des Chantiers propose aussi une carte cadeau valable à la librairie. Cette année, près de trois-cents salariés ont choisi la carte cadeau pour le Noël de leurs enfants. Cela fait venir à la librairie un public différent, peu habitué.
[…]

Il y a des livres que j’ai envie de défendre personnellement, des valeurs qui me tiennent à cœur ou des thèmes porteurs comme l’écologie ou le féminisme qui représentent une bonne part du rayon essais. Il me semble que la culture ouvrière est présente en transversal, dans tous nos rayons. Je suis trop jeune pour avoir connu cet aspect de l’histoire de Saint-Nazaire. Nous avons pu être appelées pour des initiatives autour du passé ouvrier de Saint-Nazaire, mais pas récemment. Nous sommes plutôt sollicitées sur des choses du présent comme l’événement que nous préparons autour de l’histoire des gilets jaunes… »

🔗 Lire la totalité du récit d’Agathe
sur le site de la Compagnie Pourquoi se lever le matin !

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