Le maître-mot est bien « solidarité »
Marie, travailleuse sociale dans une communauté Emmaüs
« Pour un compagnon d’Emmaüs, la démarche de venir à mon bureau est quand même particulière, un peu symbolique. C’est parfois une marche élevée à franchir. Pour que ce soit plus facile, je laisse ma porte continuellement ouverte ; quand elle est fermée, ce qui est rare, c’est que suis en train d’effectuer des démarches et que je ne suis pas dérangeable. Il y en a qui m’envoient un petit SMS ou qui me téléphonent : “ Est-ce que je peux monter te voir ? ”. Je dis souvent aux compagnons que j’ai toujours les petits bonbons au miel de ma grand-mère. Certains arrivent avec leur café dans mon bureau. C’est génial ! C’est souvent un moment convivial. “ Allez, assieds-toi. Comment ça va en ce moment ? ” On peut venir y pleurer – la boîte de mouchoirs est là – mais parfois aussi annoncer des bonnes nouvelles, discuter, manger un petit bonbon et voilà… Mes journées sont rarement très organisées. Je laisse beaucoup de place à la spontanéité et à l’informel parce que c’est autour de ça qu’il y a beaucoup de choses qui se passent. Il ne faut pas qu’on entre dans mon bureau comme on se rend à un guichet.
Je suis assistante sociale salariée de la communauté d’Emmaüs de Saint-Nazaire. Je suis là pour accompagner les compagnons hébergés ici. Je suis à leur écoute pour répondre à leurs besoins. Je prends en compte leur degré d’autonomie. Ceux qui sont capables de faire les démarches, ouvrir un compte bancaire, préparer un dossier, changer de forfait de téléphone, je les laisse faire. Je suis là en soutien. C’est un accompagnement individualisé au plus haut point.
[…]
Je me souviens très bien de ce jeune qui était arrivé d’une autre communauté de Bretagne. Sa demande d’asile et son recours avaient été refusés par l’administration. Il était très volontaire, très actif, il me demandait tout le temps comment il pouvait être régularisé. Une des solutions est de pouvoir présenter une promesse d’embauche, réelle et sérieuse, de la part d’une entreprise qui a effectivement besoin de main d’œuvre et qui n’arrive pas à recruter. Il l’a très bien entendu. Il a compris aussi que mon rôle n’était pas de lui chercher du travail. Donc, il a trouvé tout seul un poste de “ tuyauteur en meunerie ” (changer les pièces dans les moulins). La formation n’existe pas, et l’employeur de cette vieille entreprise, avec une équipe proche de la retraite, recherchait vainement quelqu’un qu’il pouvait former. Le jeune s’est rendu dans l’entreprise dont le patron m’a appelée pour savoir comment il travaillait chez nous, à Emmaüs. À la suite de quoi, il a décidé de lui faire confiance puis de faire une promesse d’embauche pour un CDI à temps plein. On a envoyé le dossier à la préfecture. Au bout de douze mois, ce jeune a eu son titre de séjour d’un an. Tout le monde était ravi. C’est une des plus belles nouvelles que j’ai eues à annoncer. »
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