À Saint-Nazaire, un lycée qui ne ressemble pas à un lycée
Mickael, membre de l’équipe éducative du Lycée Expérimental
« Rien, au Lycée Expérimental n’évoque le lycée traditionnel, à commencer par les bâtiments. Quand on arrive par le Boulevard qui conduit au port tout proche, on tombe sur une des rares façades de la ville qui ont été épargnées par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit de l’ancien Hôtel Transatlantique qui, avec le Grand café situé à cent mètres d’ici, est un bâtiment typique du Saint-Nazaire du XIXe siècle. Ici se croisaient autrefois les voyageurs qui s’apprêtaient à effectuer la traversée vers les Amériques. C’était un lieu de passage. Depuis maintenant 30 ans, c’est le Lycée Expérimental. Passé le hall d’entrée, on parvient au pied du grand escalier central circulaire par lequel on accède aux trois paliers qui desservent chacun cinq ou six salles. La disposition des anciennes chambres indépendantes les unes des autres a permis de configurer une multiplicité d’espaces. À l’arrière de cette bâtisse, est accolé un autre corps de bâtiment qui comprend quelques salles supplémentaires et une sorte de hangar qui nous sert de salle polyvalente.
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Au début, chez les élèves, c’est la joie qui prédomine. Ils sont pleins d’enthousiasme. Rapidement, cependant, ils sont confrontés à la dureté de la réalité. Il m’est arrivé de manger un repas de galettes-saucisses à trois heures de l’après-midi parce que le groupe chargé de la cuisine avait mal géré ses achats, la fabrication de la pâte à crêpes, l’échelonnement de la cuisson. En cas de défaillance, la sanction est le retour du collectif.
En cas de difficulté d’apprentissage scolaire, la sanction est la confrontation avec ses propres lacunes. Ça peut être très violent. La fuite et le déni sont faciles. La réponse de la communauté éducative est alors l’attention portée à l’autre, le respect des rythmes de chacun. Il est arrivé qu’un élève ne s’occupe que de la cafétéria pendant plusieurs semaines. Il négociait avec chaque groupe de gestion pour qu’on l’accepte à ce poste. Au lycée, tout est négociable. Il trouvait son compte dans les sourires des uns et des autres, dans son désir de faire plaisir. Mais il a fallu qu’il consente à en parler dans son groupe de suivi. Ce groupe, dénommé ECCO (écoute, construction, confrontation, ouverture), l’a aidé à rejoindre les activités pédagogiques et à progresser. Au final, le devenir des élèves du Lycée Expérimental est très contrasté. Nous ne « raccrochons » pas tous les décrocheurs mais beaucoup ont fait carrière dans le milieu artistique, d’autres sont devenus enseignants, proviseurs, médecins, chercheurs… d’autres, enfin, ont puisé leur force dans ce champ des possibles qu’autorise le fonctionnement du Lycée Expérimental… »
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