Nouvelle rencontre avec Antoine Mouton et Justine Arnal : Découverte de leur dernière publication

Les 14 et 15 juin, Antoine Mouton et Justine Arnal termineront leur résidence nazairienne du CCP.

Ce sera l’occasion pour nous d’une nouvelle rencontre et de découvrir leur nouvelle publication Nom d’un animal d’Antoine Mouton aux éditions de La Contre allée – 06/06/2025 et Rêve d’une pomme acide de Justine Arnal aux éditions Quidam – 22/08/2025.

RENCONTRE – LECTURE AVEC ANTOINE MOUTON & JUSTINE ARNAL

  • samedi 14 juin à 18h30 à la librairie L’oiseau tempête (20 bis, rue de la Paix, Saint-Nazaire)
  • dimanche 15 juin à 15h à la librairie-café Le bateau Livre de Pénestin (106 Le Haut Pénestin).

Nom d’un animal

d’Antoine Mouton – Éditions La Contre Allée

Dans un texte à la fois critique et poétique, Antoine Mouton ne manque pas d’humour pour interroger le mot travail sous toutes ses coutures. Nourri cette fois de multiples rencontres à propos de cette activité souvent honnie, il poursuit une réflexion personnelle déjà à l’œuvre dans Chômage monstre (La Contre Allée, 2020).

Récit introspectif, documentaire, enquête, journal…, Nom d’un animal est un texte qui se joue des formes à l’image de la diversité des paroles entendues ici et là, mêlant ainsi subtilement le singulier au collectif. Les trouvailles langagières questionnent l’absurdité de certaines situations tout autant qu’elles viennent réactiver notre imaginaire et notre sens critique.

Dans Chômage monstre, Antoine Mouton nous avait déjà montré comment retrouver sa propre langue en quittant son travail. Il s’intéresse ici aux trajectoires de vies : de l’enfance à l’âge adulte, de nos héritages à nos constructions personnelles.

De la scène à la page

Certains passages de ce livre ont été écrits pour un spectacle, Animal Travail, qui sera créé en juin 2025, avec la chorégraphe en espaces publics, Laure Terrier, pour la compagnie Jeanne Simone.
Ce spectacle sera en tournée en 2025 et 2026, à Châtillon, Villeurbanne, Amiens, Sotteville, Rennes, Jaujac, Périgueux, Mulhouse, Lodève, Libourne, Aurillac, Brest, Cognac, Encausse-les-Thermes, Ramonville, Niort, Bordeaux, Poitiers, Saint-Brieuc, La Rochelle, Paris, Capdenac, Reims, Chalon-sur-Saône… (texte d’Antoine Mouton, écriture sonore d’Anne-Julie Rollet – En savoir plus sur le spectacle sur le site de la compagnie Jeanne Simone)

Des textes en écho cités par l’auteur

LTI, Viktor Klemperer, pour l’étude de la façon dont la langue se modifie en même temps que s’instaure le Troisième Reich. Marie-José Mondzain, pour la notion de zone en littérature, où l’imprévisible recrée les conditions de la rencontre. « Imaginer c’est fragiliser le réel, se réapproprier sa plasticité et faire entrer dans les mots, les images et les gestes la catégorie du possible et la force des indéterminations », écrit-elle dans K comme Kolonie (La Fabrique, 2020).

🔗 Pour découvrir un extrait de Nom d’un animal

Rêve d’une pomme acide

de Justine Arnal aux éditions Quidam

Une femme, Élisabeth Witz, regarde par la fenêtre de sa cuisine en faisant la vaisselle par un soir d’été orageux. Elle est lasse de tout, son existence lui apparaît comme un décor, artificiel et faux. Son mari, Eric Richard, est happé par un match de foot dans le salon. Les trois filles sont à l’étage – l’étudiante, la lycéenne et l’écolière -, chacune isolée dans leur chambre
Élisabeth, à sa manière une autre Jeanne Dielman, s’absente peu à peu de sa propre existence, trop pleine de matérialité et trop vide de désir. Quelque chose en elle se défait de l’adhérence minimale nécessaire pour être au monde.
Ainsi s’ouvre Rêve d’une pomme acide, récit où se donne peu à peu le portrait d’une famille.

La narration omnisciente qui ouvre le roman cède rapidement la place à la narratrice principale, l’aînée des trois filles, organisant par son regard d’enfant puis d’adulte, les liens entre la famille de son père  et celle de sa mère, que tout semble opposer à priori dans leur fonctionnement.

Comme chez Sylvia Plath, Alexandra Pizarnik ou Marguerite Duras, il y est question de mélancolie et de folie. Un évènement, brutal, incommensurable, survient au milieu du récit, en constitue le cœur, l’axe principal. Un acte aussi impossible qu’inépuisable, le réel autour duquel la narration gravite. : le suicide d’Élisabeth.
La cosmogonie familiale apparaît dès lors tel un puzzle, par deux fresques articulées l’une à l’autre. La première est celle des femmes, qui pleurent, qui ont toujours pleuré et qui sont accrocs aux médicaments. La seconde, celle des hommes dont l’esprit est gouverné par l’argent, les chiffres, ce qui est comptabilisable, sous une forme ou une autre.

Rêve d’une pomme acide est un récit dense, foisonnant, aussi cruel que caustique, au cœur de ce que la famille en tant qu’institution peut produire de plus délétère, mettant au jour les liens d’identification, de pouvoir et de dépendance qui lui sont inhérents.
Le roman dissèque avec minutie comment la distribution des affects assignent chacune, chacun à un rôle. Il décrit deux mondes régis par l’économie de jouissance qui leur est propre, mais qui se rejoignent par la violence des marchandages affectifs et monétaires qu »ils exercent.

Le titre même du roman provient d’une expression alsacienne, adressée le soir aux enfants avant qu’ils aillent se coucher : « Dors bien, et rêve d’une pomme acide. » Expression qui parfois devient : « Dors bien, et rêve d’une pomme sucrée. » Cette ambivalence restitue ce qui circule de façon prégnante dans la famille, même si celle-ci s’en défend en la refoulant ou la niant.

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