27 et 28 septembre : deux moments de théâtre exceptionnels
Ubu en Afrique par le théâtre du Tiroir… des affabulations invité par le CCP et une dizaine de partenaires.
Qu’est-ce qui réunit ce groupe de migrants réfugié·es ou demandeur·euses d’asile dont plusieurs sans-papiers ? Qu’est-ce qui les pousse à dire et jouer le texte d’Alfred Jarry dabs des langues différentes ? Car si on entend bien le texte en français, le dialogue se poursuit en persan, soussou, seul, malinké, lingala, mooré, wolof, tigrigna… et on chante et on danse pour faire évoluer l’intrigue et la pantomime tragique universelle de l’écrivain lavallois. L’urgence de vivre dignement, voilà ce qui les pousse sur la scène.
Face à la misère, la résistance s’exprime par la beauté des corps en mouvement. La transpiration brille sur les visages ; l’effort les épuise ; le sourire et l’entraide des un·es pour les autres les font tenir comme une seule famille. L’équipe est passionnée et passionnante : tous et toutes participent de l’adaptation avec leur culture et leur connaissance physique des dictateurs africains.
Après, il faut affiner, coordonner pour affirmer l’exigence de pouvoir vivre et travailler en France dont elles et ils sont déjà des citoyen·es et non pas du bétail sans droits… C’est le travail du metteur en scène Jean-Luc Bansard.
Sans attendre un hypothétique permis de séjour, elles et ils le demandent depuis la scène ; certain·es sont depuis plus de 5 ans au théâtre du Tiroir, y ont trouvé une assiette, un lit et surtout la dimension symbolique du théâtre.
Étant personnages, elles et ils nous racontent leurs histoires, l’exil, le voyage infernal, la volonté de vivre par le truchement des « élucubrations » d’Alfred Jarry dont on ne pouvait mieux fêter le 150ème anniversaire de sa naissance.
Oui, beaux cadeaux dont le CCP et ses partenaires peuvent à juste titre être fiers.
(Texte d’après Antxón Massé,
écrivain et comédien espagnol,
collaborateur du théâtre du Tiroir)
